Du ressenti

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Salut mon cœur.

Pendant de nombreuses années, j’ai refusé de regarder mes émotions en face.
Je vivais dans mon cerveau, et tout passait par cet espace d’analyse avant toute chose.

Et je croyais pouvoir, grâce à mon cerveau contrôler ma vie, ne ressentir que du « bien-être », chercher à être tout le temps heureux. Lorsque j’agissais de manière illogique par rapport à mes attentes, je me blâmais et passais un temps incroyable à m’en vouloir et à chercher le ‘pourquoi’ dans ma psychologie.

A cette période, je refusais donc de ressentir ce que je ressentais. Je niais mes émotions, me reniais.
Je n’acceptais pas de ressentir la douleur affective. Lorsque je me sentais rejeté par exemple, cela me faisait tellement mal au cœur que je cherchais n’importe quel moyen pour éviter de le ressentir et regardais « partout », sauf à l’endroit où ça faisait le plus mal.


Qu’est-ce qu’une émotion ? Qu’est-ce que c’est ressentir des émotions ?

La Communication Non Violente (CNV) nous aide à comprendre l’émotion comme l’expression intérieure d’un besoin nourri ou non.
Elle a un impact physique au niveau du cœur, du torse. Elle peut également influer sur les intestins.
L’émotion impacte ensuite la pensée, influençant la génération de cette dernière.

L’émotion peut être considérée comme une énergie apparaissant dans le corps humain.
Si cette émotion est refoulée, alors elle risque d’être cristallisée, stockée dans le corps physique.

Une émotion refoulée, cristallisée va potentiellement « revenir hanter » l’individu auquel elle est attachée.
Elle reviendra de manière régulière, de plus en plus intensément jusqu’à ce que l’individu libère toute résistance à la ressentir.

L’intensité et la fréquence d’une émotion peut également être liée à une blessure affective. Le processus de guérison de cette blessure implique de ressentir pleinement l’émotion, et de ne pas s’offusquer ou s’impatienter lorsqu’on la sent à nouveau plus tard.

Plus une émotion est niée, plus elle se densifie et s’ancre dans le corps. Elle prend de plus en plus de place.

Elle peut même finir par se manifester quand les archétypes d’anima/animus (selon Carl Gustav Jung) prennent le dessus sur le Moi conscient.
Tu as déjà vu un homme adulte soudainement agir comme un gamin de 3 ans, sous le coup d’un grand trouble émotionnel ? C’est de ça dont il s’agit.

Une femme totalement déraisonnable qui se met à crier de manière hystérique ?
Pareil, c’est une fillette de quelques années qui est en train de souffrir, cachée dans le corps d’une adulte.

Quand je ressens une émotion intense, j’ai l’impression « d’être » cette émotion. A l’instant donné du ressenti, ma perception est entièrement teintée de cette émotion et des pensées qui en découlent.

Au moment où je me sens triste, « je suis la tristesse », je ressens mon cœur serré, des larmes prêtes à couler/coulant, l’émotion transparaît sur mon visage. Je peux même avoir l’impression que je me sentirais triste pour le restant de mes jours.

Quand je me sens joyeux, mon cœur bat fort, rapidement, je sens un grand mouvement dans mes tripes et mon torse, je ressens de la chaleur de l’élan et de l’allant. Dans ce genre d’émotion, dite « positive » cependant, j’ai rarement la notion qu’elle restera pour toujours.
Généralement, je n’ai pas ce genre de réflexion/considération dans l’instant du ressenti.

L’émotion a un impact physique, est liée à mon corps.
Pendant longtemps, en plus de nier mes émotions, je niais également mon corps. Je n’y étais pas connecté, je vivais uniquement dans ma tête, mes croyances et mes rêveries.

Alors, faisant barrage à mes émotions, résistant à leur passage, elles s’amassaient dans mon corps; s’y sclérosaient.
Elles s’entassaient et me rendaient plus lourd.
D’où la notion de kilo affectif dont tu as peut-être déjà entendu parlé dans le cadre du sur-poids.

Lorsqu’une émotion est pleinement ressentie, qu’aucune résistance ne lui est faite, alors elle traverse et quitte le corps.


En tant qu’être humain, on nous a appris à faire la différence, la distinction entre le Bien et le Mal.
Donc on voit les choses en tant que bonnes ou mauvaises. Et souvent on classe également les émotions en deux catégories: les émotions « positives » et les émotions « négatives ».

J’ai souvent refusé de ressentir mes émotions « négatives », refusant de sentir l’inconfort dans lequel elles me plongeaient. Et en agissant de la sorte, je me suis également privé de pouvoir ressentir les émotions « positives », me retrouvant emprisonné dans l’inconfort que je cherchais à fuir et éviter.

La rencontre avec la CNV m’a aidé à sortir de ce confinement, à accepter mes émotions, à m’accepter, à renouer avec mon corps et mon humanité.

En mettant à profit mon mental et sa capacité analytique mais avec une nouvelle grille de lecture, j’ai pu, petit à petit, apprendre à regarder les émotions que je ressentais, et commencer à les identifier.

Puis, une fois identifiées, je commençais à faire le lien avec le besoin, l’élan vital en moi auquel elles étaient liées.

Pendant cet apprentissage, cette (re)découverte, j’ai beaucoup pleuré.
Ça a été la manifestation des années de larmes et de tristesse que j’avais emmagasiné en moi en refusant de les laisser couler plus tôt.

La CNV a été un outil qui a favorisé ma communication et ma relation en moi, entre les différentes parties qui me composent. Mon mental est devenu un ami fidèle, ardent soutien à mon cœur et mes tripes.

Cela a pris quelques années, et c’est un processus qui est toujours en cours, mais plus j’ai eu le courage et accepté de ressentir mes émotions, plus elles ont été libérées, plus mon corps s’est allégé.

J’ai même eu l’opportunité de renouer le contact avec mon corps, et accepter des ressentis encore plus fins. Faire le lien entre le corps physique et les émotions ressenties.
Sonder mon corps me permet d’établir plus finement ce que je ressens, et quels besoins et élans sont derrière ces ressentis.

Identifier mes ressentis sans jugements, sans rejeter le fait d’être en train de ressentir une émotion, cette émotion spécifique; m’apporter cette auto-empathie a réellement amélioré ma vie de façon significative.

Quelques années plus tard, la méditation m’a également aidé, à prendre encore plus de distance entre celui qui ressent et ce qui est ressenti en moi, amenant ma relation à mes émotions à évoluer vers encore plus de sérénité et de joie.

Peut-être te sens-tu paumé et/ou étranger à ce dont je te parle. Je me souviens qu’à l’époque, il m’était difficile de comprendre ou réaliser ceci lorsque mes ressentis prenaient le dessus à force d’être reniés depuis si longtemps.


Dans mon expérience, accueillir une émotion, accepter que je ressente cette émotion spécifique qui me submerge à cet instant, ça lui permet d’être rejointe.

Et quand elle est rejointe, elle se dissout, elle traverse.
Elle laisse la place, elle laisse de l’espace en moi, pour d’autres ressentis, d’autres pensées.

Et plus je libère des émotions, plus je ressens d’autres émotions, et plus j’ai de la place, du courage et de l’espace pour d’autres expériences. Mon esprit s’étend, tout comme ma vie et mon corps se détend.

M’initier à et pratiquer la Communication Non Violente a été une étape importante dans ce processus.


A demain mon cœur.

7 commentaires

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