Du rejet

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Salut mon cœur.

Il m’est souvent arrivé de me sentir rejeté.

Adolescent, je me sentais rejeté du groupe de mes camarades. Je n’avais pas le droit de regarder la télévision le soir, à moins que mon père ai vu le film au préalable, et si c’était le week-end.

Résultat, j’entendais souvent les autres parler de la série ou du film de la veille, me sentant étranger à la conversation, n’ayant rien à y contribuer.

Je me suis senti rejeté par la société lors de l’épisode du Covid, des masques et des injections obligatoires.
N’étant pas de ceux qui ont suivis, apeurés pour leur vie ou leur confort quotidien d’accès aux restaurants ou aux cinémas, ça a été compliqué d’entendre le mec en fonction de président de la République déclarer qu’il avait envie de « m’emmerder ».

Comme je l’indiquais dans mon article sur les ressentis, je me suis moi-même souvent et longtemps rejeté.


Dans le livre « Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même » de Lise Bourbeau, le rejet est notifié comme l’une de ces blessures.

Il s’agit d’une blessure affective, qui, dans la nomenclature que propose l’auteur, s’illustre par le masque du fuyant. La personne atteinte de cette blessure peut présenter certaines caractéristiques de l’ordre de se croire nulle et sans valeur, ne pas se sentir le droit d’exister. Je me suis sentis comme ça par le passé. Parfois, j’ai cette croyance qui repointe le bout de son nez.

Une capacité à se rendre invisible, effacé. Trouver différents moyens de fuir.
Fuir l’instant, la conversation, la relation, la difficulté, le conflit, la responsabilité, la vie…


Dans mon expérience, lorsque je me vois en train de rejeter (quelqu’un ou une situation), c’est une anticipation, un mécanisme de défense.
Je m’attends à me sentir rejeté.

Quand je me sens dans ce danger, une appréhension apparaît dont je me sens profondément affecté.
Dans mes tripes, il y a une souffrance du passé qui s’active. Un souvenir d’une grande douleur dans le cœur et le ventre. Physiquement.
Un moment où j’ai cru que j’allais mourir…

Et du coup, par protection, je rejette avant que je sois rejeté, dans le but d’éviter cette douleur.

C’est là un processus inconscient que j’ai subis, et puis progressivement que je me suis observé avoir.

Et en cherchant l’évitement, je me retrouve à souffrir. Comme souvent, la peur de ressentir une souffrance me mène à avoir un comportement qui cause actuellement la souffrance dont j’avais peur.
Mais c’est plus « gérable » car c’est moi qui me la suis infligé, je ne la subis pas. N’est-ce pas ?

Je te pose la question, mais c’est ironique et rhétorique. J’ai pu m’observer à travers ces situations, et me trouver bien malheureux de m’infliger cette douleur, par habitude, par peur de la prise de risques.

Cela m’arrive encore d’avoir ce comportement, de me sentir prêt à rejeter, voir même de me sentir rejeté.
Mais moins souvent maintenant. Et surtout, peut-être de manière un peu moins prenante.

Je peux faire preuve de recul, me faire confiance, et me souvenir :

« Ce n’est pas parce que j’ai eu mal au point que j’ai cru en mourir dans le passé que forcément je vais avoir mal à ce point, avec cette intensité maintenant.

Je me souviens de toutes les douleurs que j’ai déjà traversé, et auxquelles j’ai survécu. »

Je me souviens également que même si je me sens rejeté, je suis là pour moi. Et c’est important !


Et se rejeter soi, cela revient à se nier, se refouler. Cela m’a amené à fuir, fuir le Vivant et me confiner.
Fuir à la campagne, au bout d’un chemin que j’étais même effrayé de parcourir à pied à un moment.

Je me suis confiné et contenté d’une pièce.
Contenté de 2 mètres de mouvements entre mon lit et le siège de bureau.

J’étais bien malheureux à l’époque, et semblais incapable de m’extirper de cette boucle infernale.

Je fuyais. Je fuyais la douleur, la peur, le risque, et ce faisant, j’avais mal, j’étais apeuré, seul, et en danger physique. Je ne prenais pas soin de mon corps, et il me le rendait bien.


Un soir, défoncé à la marijuana, comme c’était mon habitude à l’époque, j’ai finalement lâché prise.
Je me suis effondré et j’ai reconnu à haute voix que je ne voulais plus vivre ainsi.

Ça a été le début de la remontée. D’une reconnexion. D’un renouveau.

Ça ne s’est pas fait en un claquement de doigts. Ce soir là s’est produit il y a plus de 5 ans maintenant.
Et je suis toujours en cours de chemin. Mais je me sens tellement plus vivant en comparaison !

Je suis passé par bien des épreuves et expériences depuis.
Je te les partage à travers ces articles. Et je tente surtout de partager les leçons que j’en ai tiré.


J’apprends petit à petit à me connaître, à me reconnaître, à m’accueillir tel que je suis.
J’arrête de me fuir. J’œuvre dans ce sens. Pour moi. Avec moi.

Les épreuves que je mentionnais plus tôt font maintenant sens. A l’époque, dans le vif du tourment, qu’est-ce qu’elles me faisaient mal.
Une véritable essoreuse. Je me suis retrouvé bringuebalé dans tous les sens !

Je me souviens que je cherchais le coup de baguette magique. La solution miracle qui allait résoudre tous mes problèmes d’un coup. Faire de moi enfin la bonne personne heureuse et le chevalier blanc que je souhaitais être; qu’il fallait que je sois.

Avec le recul, je vois combien de fausses croyances telle que celle de « la bonne personne heureuse », du « chevalier blanc » et du « il faut que je sois » j’ai pu abandonner en chemin.
Et ça allège, et ça me permet d’avoir l’espace, le courage et l’amour nécessaire pour être juste moi.

Aimer mes ombres que je ne connais pas encore. Arrêter de vouloir les fuir et les éviter.
Aimer les défauts, les faiblesses, les couacs.
Aimer être blessé, car ça me permet d’être tellement là pour moi. D’en découvrir tellement.

Aimer guérir pour les mêmes raisons.


Je ne serais probablement jamais « guéris ». Parfois, quand mes blessures reprennent le dessus, me réapparaissent, l’espace d’un moment, je me sens abattu.

Et puis je prends du temps pour être avec moi, voir qui je suis, ce qui se passe. Et je me souviens que j’ai pas d’objectif à avoir. Que je ne serai jamais « complètement » guéris.

Que ces blessures, elles sont parties intégrantes de ce que je suis.
Qu’à vouloir me soi nier, je ne fais que me re nier. Me rejeter.

Je fais le choix, aussi souvent que j’en ai les moyens de ne plus me rejeter, et me prendre comme je suis.


A demain mon cœur.

4 commentaires

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