Du cahier intime, mon art de tenir un journal

Temps de lecture estimé: 6 minutes

Salut mon cœur.

Je vis à la campagne et je suis amené à faire souvent des déplacements en voiture au travers d’étroites nationales et départementales.

Je suis amené à traverser des champs, des bois, des zones d’habitations isolées, bien qu’en bord de route…

Des animaux sauvages traversent parfois ces routes. De jour, de nuit.

Début Mars 2023, en me rendant à une scène ouverte, à la nuit tombée, je suis entré en collision avec un blaireau.

La pauvre bête est morte pratiquement sur le coup, et la voiture a subi des dégâts sur le côté droit.

Quant à moi, j’ai été pas mal éprouvé, en état de choc, désolé et dégoûté d’avoir tué un animal avec mon char à roues. M’en voulant de ne pas avoir évité l’animal, de ne pas avoir mieux conduis.
Tendu et angoissé à l’idée que la voiture soit fichue ou très abîmée, et par le montant que les réparations allaient coûter.

J’ai fais demi-tour ce soir là, ayant perdu toute envie de chanter. La voiture roulait, les dégâts semblaient principalement de carrosserie. Les jours qui suivaient allaient le confirmer.

Ce soir là, j’ai beaucoup écrit dans mon cahier.


En Anglais « to journal« , un verbe, est l’action de tenir un journal relatant les faits, émotions et ressentis que son auteur traverse. En Français, on parle de journal intime.

J’ai déjà évoqué le fait d’écrire, de m’épancher, me livrer, poser mes émotions et ressentis dans un cahier.

Je peux ainsi les confronter, tout en les extirpant de ma tête, et, ce faisant, prendre du recul et de l’espace vis-à-vis d’eux.

Le journal ou cahier intime est un outil qui m’a permis de me dépatouiller de beaucoup d’Ombre.

Un ami, un confident.
Un miroir qui ne juge pas, (les seuls jugements sont miens, pas les siens).
Il me reflète simplement ce qui se joue en moi et me permets de m’observer sous plusieurs angles, posément, avec un peu de distance et de recul.


Au tout départ, j’étais timide avec ce que j’y consignais.

Puis petit à petit, j’ai pu y grandir, prendre plus de place, m’y poser.

Je jugeais moins ce qui était écrit, m’autorisant à lancer les pires insultes, les pires horreurs et les pires insanités que je pouvais avoir en tête à mon propos.
Ces accès que j’appelle vomitifs, sont plutôt salvateurs.

Puis il y a des analyses plus « à plat », plus posées. Je ressens quelque chose, je le pose, le suis, le distille.
Je me sers de la Communication Non Violente, pose l’émotion ou la situation, ou le besoin/élan.

Et je cherche et fais les liens manquants.

Parfois, un élément posé dans un cahier résonne avec une situation vécue voir analysée des mois plus tard dans un autre, et nourrit la réflexion.

Tous ces écrits me permettent d’accueillir et d’explorer mes douleurs affectives et de pouvoir les observer, les analyser depuis un angle différent, avec plus de recul.

Et plus j’ai pratiqué cette mise à distance vis-à-vis de pensées de ce type, plus j’ai pu prendre leur contre-pied.

Cela m’a conduit à passer de « je me déteste » à « en fin de compte, je m’apprécie » et puis « je m’aime ».


Au fur et à mesure de mes expérimentations avec le cahier, ainsi que mes explorations sur internet, rencontrant ainsi d’autres personnes qui utilisaient l’outil « journal », j’ai pu obtenir des tuyaux et faire ma propre méthodologie.

Pour certains moments d’angoisse ou d’anxiété, ou certaines problématiques qui me préoccupaient à certains moments donnés, je me suis noté, sur la couverture intérieure, une série de questions précises à me poser :

  1. Comment te sens-tu ?
  2. Quel besoin n’est pas nourrit ?
  3. De quoi as-tu secrètement peur ? Et pourquoi ?
  4. Qu’est-ce qui se passe réellement ?
  5. Au fond, que crois-tu à propos de toi-même ?

S’en suit une petite série d’affirmations à me remémorer, en rapport avec le syndrome de l’imposteur dans le cadre de la pratique artistique :

  • J’aime et je suis fier de l’art que j’ai réalisé.
  • Je suis content. Je suis compétent, et mon public le prouve.
  • Plus j’avance, plus je travaille, plus je renforce ma confiance en moi.
  • Si je n’avais pas peur, que ferais-je de ma vie ?
  • Si je n’avais pas peur, qu’est-ce que je serais en train de vivre à ce moment précis ?
  • Combien suis-je fier de ce que je produis ?

Une autre série de questions, déjà mentionnée dans cet article :

  1. Qu’est-ce qui se passe objectivement ?
  2. Quel sens/raison y ai-je assigné ?
  3. Comment je réconforterais un ami que j’aime, à qui il serait arrivé la même chose ? (compassion)
  4. En quoi c’est en fait la meilleure chose qui me soit jamais arrivée ?

Ces phrases et questions je les ai glané chez le youtubeur anglophone Struthless.
Il a plusieurs vidéos sur le sujet, et à terme, à chacun de se constituer son petit stock qui lui correspond.

Et enfin quelques citations entendues dans une conférence de Neil Gaiman (auteur de American Gods, entre autre) :

– « What is trying to emerge ? »

– « How to make X ? »
– « Pretend to be someone who can do it. »

Ma traduction :

– « Qu’est-ce qui essaie d’émerger ? »

– « Comment faire X ? »
– « Fais semblant d’être quelqu’un qui peut le faire. »

Neil Gaiman

Autrement dit, des outils de direction, de focus, et d’inspiration.

Et je reproduis cette couverture d’un cahier à un autre.


Je me retrouve également à écrire une salutation sur la première page d’un nouveau cahier, et une page de remerciements sur la dernière page de ce cahier quand je le quitte.

Je ne fais pas qu’écrire, je m’incite à ressentir la gratitude et la joie que je décris dans ces paragraphes.


Je fais la même chose lorsque j’utilise un nouveau stylo. J’ai un stock de stylos bic bleus, et chacun est un accessoire et une extension de ma pensée, de mon corps qui est unique.
Je les salue.
Puis je les remercie dans des paragraphes jusqu’à la dernière goutte qu’ils veulent bien fournir.


Je note la date, et parfois même l’heure lorsque je commence à écrire dans le cahier.
A la relecture (qui arrive une fois le cahier complété, ou parfois plus tard, lorsque je me sens appelé ou que je cherche une information) cela me permets de refaire le cheminement et parfois de me souvenir d’une situation que je vivais de manière tendue à l’époque, et de pouvoir en goûter l’évolution.


J’utilise également des petits onglets plastiques, tel des marques pages de couleur.
Cela me permets ainsi de marquer une position pour certains types de données, de sujets et autres sur lesquels je vais vouloir revenir.

Je les positionne lors de la relecture ou parfois pendant l’écriture, lorsque certains sujets reviennent de manière récurrente.

Ainsi, les écrits plus vomitifs, libérateurs sur le moment ne sont pas forcément marqués de la sorte.


Dans mes cahiers, je m’autorise parfois à constituer des listes. Des listes de tâches à faire par exemple, sur lesquelles je reviens pendant quelques jours pour rayer les éléments achevés.

Ils me servent de bloc-notes à portée de la main.

Je peux être amené à noter tout et n’importe quoi. Des citations, des leçons sur des sujets précis pour lesquels j’ai un intérêt, des réflexions courtes qui apparaissent au visionnage ou à la réflexion sur un sujet quelconque.

Je reporte ensuite certaines de ces données dans d’autres cahiers ou supports dédiés.
J’ai retrouvé un véritable attrait pour l’objet physique, et l’écriture stylo à la main.

J’aime le format 17X22 cms de 180 page à petits carreaux.
Cahier à spirales, comme ça je peux le plier proprement sur lui même.

L’ordinateur ensuite me sert pour la rédaction de contenus et le travail visant à être partagé.


Ces cahiers m’ont aidés à me sortir de mon enfermement.

Ce processus prend du temps, de la patience, de l’exploration et de la découverte. Je suis partis de loin, et ai eu besoin de retrouver beaucoup de courage et confiance en moi durant le parcours.

J’espère t’avoir donné des pistes, peut-être même donné envie de te lancer et de créer ton propre cahier intime.

Je suis un mec de 41 ans au moment où j’écris ces lignes.
Je me souviens dans mon enfance, l’idée d’un journal intime, « c’était un truc de fille ».

Ayant pourtant toujours eu la fibre de l’écriture, l’utilisation de cet objet s’est avérée capitale pour ma santé mentale et pour ma contribution au monde.

Je ne saurais que trop le recommander. A n’importe qui.
Écrire, physiquement pour se libérer l’esprit.

C’est tellement simple en fin de compte.


A demain mon cœur.

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