De la perspective

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Salut mon cœur.

J’étais assis sur le perron de la maison de mes parents dans la campagne gersoise.
J’y ai observé une abeille venir prendre un bout de la porte d’entrée, et se faire entoiler par une araignée plus petite qu’elle.

L’araignée a senti les mouvements de l’abeille sur son réseau de fils, s’est approché promptement, mise en position de tir et a tenté d’immobiliser l’abeille.

Dans une certaine mesure, ça a fonctionné. Les ailes de l’abeille étaient couvertes, suffisamment pour que celle-ci ne puisse décoller.

Le vrombissement des muscles qui les agitent avait changé de tonalité, et les ailes étaient comme collées. Cependant l’abeille s’est éloignée en marchant vers le haut de la porte; mettant de la distance entre elle et l’assaillante, tout en traînant se récolte au niveau de son dard.

Puis elle est tombée, du haut de la porte, jusque dans un pot de fleurs au pied de cette dernière.
J’ai entendu un bruit sourd alors que son corps heurtait la céramique. Au départ, j’ai cru qu’elle était tombée au sol, de plus de deux mètres de haut.

Je m’attendais à ce qu’elle soit assommée, voir pire.
Je ne l’entendais plus.

Puis je l’ai vu émerger du pot, nettoyer ses ailes, puis prendre son envol.


De la perspective de l’abeille: résilience.
Elle s’est débattue, enfuie, pris des coups, mais a fini par s’échapper, avec son butin, pour probablement retourner à la ruche.
Le voyage du héros; feel good à la Hollywood.

Et de la perspective de l’araignée, sans le savoir, elle s’est attaquée à plus forte qu’elle, dépensant de l’énergie sans retour sur cet investissement; ayant même probablement perdu une partie de son réseau (toile), qu’elle devra tisser à nouveau plus tard, dans le processus.

Pour l’instant, elle est retournée attendre sa prochaine opportunité, tapie dans l’ombre.

De la perspective de la porte, l’araignée occupe le lieu, de manière presque protectrice, la nettoyant d’insectes, brindilles, et autres petites impuretés qui resteront prises dans la toile. L’araignée est comme une gardienne face à des êtres tels que l’abeille.

L’abeille, elle, vient se servir en ressources. Elle vient « détruire » la porte, petit morceau par petit morceau, telle une voleuse.
Si l’araignée l’arrête, elle met fin aux agissements de l’individu abeille et permet d’éviter que la porte ne soit plus « détruite » par cet individu.
Dans le processus, elle est nourrie, et prend soin de son environnement.

De la perspective de la nature, la porte, l’abeille et l’araignée sont juste là pour jouer le jeu du Vivant.
Être. Être mangé. Être transformé dans la perpétuation du Vivant.

Dans une perspective plus focalisée sur l’individu, je ressens des jugements – des émotions – d’ordre manichéen, de Bien et de Mal.
A perspective plus large, les choses sont bien plus neutres, les notions de Bien et Mal font moins sens, mes émotions sont moins présentes.

Dans le grand ordre des choses, tout a sa place, sans que cela soit bon ou mauvais, juste ça « est ».
Vivre, laisser vivre et laisser mourir.

A demain mon cœur.

Un commentaire

  1. Multiplier les changements de point de vue est essentiel pour mieux appréhender et comprendre une situation un état. Cela permet de garder une distance avec l’émotion et ne pas être dans le jugement de soi, des autres, dans la culpabilité ou dans la recherche de responsabilité de la « faute », de l’erreur, de la cause….

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